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2 février 2007 5 02 /02 /février /2007 00:00

Elles me demandent d'ôter mon PETIT tee-shirt pour mettre le PETIT patch d’Emla en place et faire le PETIT électrocardiogramme.

Ces deux connes masquées sont en train de me parler comme à un débile.

 

J'ai été convoqué à 10H00, pour apprendre que la chambre ne serait prête qu'à 14HOO.

Vous pouvez aller déjeuner en ville, si vous voulez.

Une façon polie de nous envoyer nous faire foutre.

A 1OH3O, après la prise de sang et la radio, on se retrouve avec Caro devant Becquerel. Je suis furieux.

Je m’arrête quelques minutes à la guérite de l’hôpital de jour pour saluer Diadié, le gardien.

C’est un mauritanien, grand et mince. On est du même âge, mais il n’a pas une seule ride.

On se connaît depuis quelques années, c’est un de mes anciens patients.

Je serre sa main qui a gardé des séquelles de sa tumeur médullaire.

Comment tu vas?

Il connaît ma situation, je passe lui dire bonjour à chaque fois que je viens à Becquerel.

Je lui explique que je rentre aux soins intensifs l’après-midi même pour la greffe. On bavarde un peu

N’oublie pas, me dit-il, alors que je m’apprête à le laisser, l’important, c’est le moral.

C’est bien ce que tu me disais, non?

On marche, en silence, jusqu'à la place St Marc. Les rues sont presque vides. J’y vois très mal à l’extérieur. L’espace paraît trop vaste.

Hier soir, au cinéma, j’ai dû ôter mes lunettes. A cette distance j’y voyais moins mal sans lunettes. C’était un film policier vaguement ésotérique, pas trop ennuyeux. Un peu quand-même.

Pendant ce temps, Fred et Jean-Jacques aidaient Caro à déménager les meubles et démontaient la hotte de la cuisine pour que les peintres puissent commencer les travaux dès le lendemain. J’avais préféré ne pas être là. Pas envie de parler. C’était pour ça, le ciné.

Après le film, j’ai marché seul dans la foule. J’ai fait plusieurs fois le tour de la galerie marchande, lentement. C’était trop tôt pour rentrer.

Je me suis attablé dans un petit café, dans la rue piétonne. Il y avait quelques habitués au comptoir, qui buvaient des bières. Je les ai écouté se raconter leurs vies sans importance. Les difficultés pour se faire rembourser les dégâts d’un accident de moto par l’assurance. La fille aînée qui va se marier. La nouvelle friteuse, en cuisine, que le cuistot est parti essayer.

L’un d’entre eux était un homme de petite taille. Pas un nain. Un type très petit.

Il se faisait plaisanter par les autres, avec gentillesse.

Avec toi, au moins, on peut rigoler, dit un des rieurs en faisant signe au patron de leur remettre un verre. C’est pas comme avec ton frère.

Grincheux?

Ouais, tout le monde l’appelle grincheux.

Le cuistot arrive du fond du café avec un plateau. On va les goûter, ces frites.

Il fait une distribution dans des soucoupes. Pas mauvaises.

 

Rentre à la maison, dis-je à Caro.

Elle ne veut pas.

On pourrait aller déjeuner au resto...

Pourquoi ne comprend-elle pas que je veux être seul?

On marche encore. Elle me suit. Je m'arrête face à la voiture.

Rentre, dis-je encore.

Je l'embrasse à la va-vite et je la plante là.

Elle me rattrape quelques mètres plus loin.

Laisse-moi, maintenant.

Je pars sans me retourner.

 

Il me faut deux heures pour épuiser les magazines de la salle d'attente de l'unité de soins intensifs. Vers 13HOO je sors. Je m’arrête dans le premier bistrot venu, où je mange je ne sais quoi. Je bois une bière, je fume trois cigarettes d’affilée.

Je ne parviens même pas à m’intéresser aux autres clients.

Pas de café. Juste l’addition. Il faut que j’y retourne.

 

La chambre est tout à fait ordinaire. C’est une chambre d’accueil. L’isolement est pour vendredi. Je vois le ciel. J’entends très bien le chantier, juste sous moi.

Naturellement, mon PC ne détecte aucun réseau sans fil, ce qui décuple ma colère.

Au moment où l’animatrice entre dans ma chambre pour m’aider à me connecter, elle se fait éjecter par l’infirmière accompagnée d’une stagiaire.

 

Il faudra essayer de ne pas parler pendant l’électrocardiogramme…

Le PETIT électrocardiogramme.

La consigne ne concerne que moi. Ces deux connes, elles, ne s’en privent pas.

Elles découvrent leur nouvel appareil, commentent longuement le système de fixation des électrodes -bien mieux que l’ancien système à ventouses-, se remémorent le moyen mnémotechnique pour placer les dites électrodes, s’extasient devant le menu qui leur demande d’entrer le nom du patient. Elles parlent de choses et d’autres. Évoquent des anecdotes. De temps en temps, elles me demandent vaguement si ça va, en prenant mon pouls et ma tension.

Enfin elle partent.

Ma chambre devient une espèce de lieu de rendez-vous.

L’animatrice d’abord qui résout mes problèmes informatiques, puis la surveillante de l’unité, et une visiteuse hospitalière que je me rappelle avoir déjà vu lors d’une précédente hospitalisation.

L’interne enfin.

Ma colère est à peine retombée quand revient l’infirmière masquée accompagnée de sa stagiaire.

Cette fois, il s’agit de brancher la perfusion sur la chambre implantée.

Tout en déballant son matériel, elle commence à m’interroger sur mon métier, ma vie privée.

Je finis par lui dire que je ne souhaite pas parler de ça. Ni de quoique ce soit d’autre.

Un peu vexée, elle termine sa tâche en silence.

Le soir même, je suis mis sous Tranxène.

Pour vous aider à vous détendre, me dit une autre infirmière en effectuant les réglages de la seringue auto pulsée.

Je suis tellement abruti que je ne parviens plus à aligner deux phrases.

Je peux passer une heure à lire et relire sans cesse le même paragraphe.

Le mieux est de dormir en attendant la chimio de demain.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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commentaires

C
bonjourdans la détresse à notre tour, nous comprenons vos propos et vous rejoignons sur certains pointsma soeur atteinte d'une aplasie emploie les mêmes termes que vous et je la comprends hospitalisée depuis 2 mois à nouveau dans ce service, nous avons l'impression qu'elle y est enfermée et que malgrè ses demandes pour revenir dans notre famille -nous résidons tous dans une autre région) rien n'avance, nous sommes fatigués, lassés de cette longue attente, soit disant des démarches administratives nous doutonsnous ne savons plus quoi faire, même téléphoner les agace alors que la personne qui doit l'être c'est le patient et oui : ceux qui n'ont jamais connu cette souffrance, cette attente longue, sans avoir une seule note d'espoir alors que le malade s'accroche et fait lui tous les efforts du monde pour profiter de SA VIE ne peuvent pas comprendremerci à vous (même si tout le monde ne peut être catalogué il faut juste rappeler qu'il s'agit d'un roman)
Répondre
J
<br /> <br /> Bonjour Cath,<br /> <br /> C'est vrai, le dialogue avec certains médecins est parfois très difficile. Il faut faire preuve de beaucoup de ténacité.<br /> Cependant, les hôpitaux de sont pas des prisons. Personne ne peut y être retenu contre sa volonté. Il est toujours possible de faire sa valise et de partir, mais  en sachant que l'on prend<br /> un risque. Cela s'appelle une sortie contre avis médical. Le médecin est alors tenu de vous indiquer la nature des risques que vous prenez, et vous devez lui signer une décharge.<br /> Concernant la demande de changement de région de votre soeur pour rapprochement familial, c'est une procédure administrative habituelle. Mais cela peut en effet prendre un peu de temps, en<br /> particulier au mois d'août où les effectifs en personnel tant de l'hôpital que de la sécu sont au plus bas. Cela relève du médecin conseil de la caisse dont dépend votre soeur. Peut-être est-il<br /> possible d'accélérer les choses en lui téléphonnant directement?<br /> Je vous souhaite bon courage.<br /> <br /> <br /> <br />
L
Réponse à monsieur l'anonyme qui signe le con,et qui incite<br /> mon AMI YVES à surveiller son langage!!!!!!!Jerétorque que mon<br /> AMI YHES àau moins le courage de revendiquer et sa maladie<br /> et ses propos en ne se cachant pas derrière un anonymat un<br /> peu trop facile quand il s'agit de menacer et critiquer...<br /> Alors,le mérite du langage je le décerne à Jean-Marc et YVES qui<br /> eux EUX écrivent PUBLIQUEMENT avec leur COEUR qui est<br /> sans doute plus GRAND que le VOTRE.....<br /> monsieur l'anonyme...mes salutations respec tueuses.luce
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A
Pour ma part en lisant le passage des "connes masquées" , j'ai souri... sûrement parce que je te connais et que je sais que ce ne sont pas des paroles de mechanceté mais + une façon humoristique de parler de cette façon impersonnelle et parfois condescendente qu'ont les soignants de traiter les malades.<br /> C'est amusant de voir ces gens réagir avec autant de virulence, sur cette petite expression, surtout celui qui te trouve "ODIEUX"...haha il m'a fait rire celui là ;-)<br /> Pour ceux que ça a choqué , prenez une intra-veineuse de second degré , une pillule d'humour concentré et ne vous formalisez pas parce qu'on vous a -ou un de vos anciens soignant- qualifié  de "con" , comme JM l'écrit  on est tous le con de qqun.<br /> Quant à la reflection sur le style ou la façon d'écrire sur la maladie , j'imagine que c'est la seule bassesse que son auteur ait trouvé pour essayer d'atteindre super JM , mais je connais bcp de gens qui trouvent cette façon "depassée" très agréable à lire et plutôt fraiche au contraire.<br /> Et n'hesite pas à être plus caustique à l'occasion, quant tu tailles les gens tu recoltes des perles en commentaires , je les verrais bien dans la page remerciements à la fin du bouquin.<br /> Affectueusement :-)
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U
Quelle tristesse de vous lire mon PETIT Monsieur!.... Bien sûr que la maladie est là, mais personne n\\\'y est pour rien, surtout pas les Connes!...Merci pour vos leçons de vie, mais la premiere que vous devriez  suivre est le respect face à des gens qui sont là pour vous aider du mieux qu\\\'elles peuvent .Elles ne sont surement pas parfaites , de quel droit vous permettez vous de les juger aussi séverement ? Vous qui étes du metier, comme vous dites , vous devriez mieux comprendre les difficultés de leur métier. à vous lire vous deviez être un kiné exemplaire !Quant à "votre ami Yves", il ferait mieux de surveiller son langage , sa bétise doit être à la hauteur de ses propos.Malgré tout je vous souhaite un bon rétablissement, mais je crains que pour votre connerie vous êtes incurable!...<br /> Ps Les écrivains torturés c\\\'est dépassé !...
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J
Cher Anonyme,<br /> Ainsi que je le dit dans le post intitulé "L'HUMANITE", le me considère en effet comme membre de la con-frérie des soignants, l'ayant moi-même été (con) un nombre incalculable de fois. Le métier de soignant est l'apprentissage de toute une vie. Pour connaître ma conception de la chose, je vous recommande de lire le post intitulé " LES MAINS".<br /> Ce que je dénonce est est beaucoup plus grave. Il s'agit du non-respect de la "charte du patient hospitalisé" que nul soignant ne peut ignorer. Il s'agit là plus de complicité de violation de la loi, que de connerie.<br /> J'explique également dans " l'HUMANITE" pourquoi à ce moment je suis en proie à de légitimes débordements émotionnels.Plus loin dans le texte, j'évoque les soignants comme mes frères et mes soeurs, et l'amour qu je ressens à leur égard.<br />  Peut-être ne m'avez-vous lu avec suffisamment d'attention?<br /> Enfin, je respecte avant tout, la liberté d'expression, même pour les anonymes qui ne sont pas de mon avis, qui détournent le sens de mes textes, et qui me lisent malgrè mon style désuet et le dégoût que je semble leur inspirer.
L
Bonjour Jean-Marc,<br /> Je suis une Amie d\\\'Yves,et je me permets de<br /> rajouter un petit grain de sable à défaut de<br /> sel au commentaire ^O Dieu ^que je viens de lire....Ce qui m\\\'amène à penser que la maladie<br /> vraiment incurable qui sévit sur cette Terre,<br /> n\\\'est peut être pas celle de WALDENSTROM,car cela reste à prouver,mais une autre qui à la peau dure,elle se nomme<br /> BETISE,celle la.les médicaments n\\\'existent<br /> pas...J\\\'espère qu\\\'avec YVES que j\\\'aime<br /> beaucoup et même plus,vous allez nous<br /> prouver que cette maladie est GUERISSABLE.<br /> Sachez que grâce à votre ténacité et à votre luciditéface à cette Réalité au quotidien que vous relater,vous avez déjà vaincu ce MAL<br /> insidieux qui vous est tombé dessus.<br /> Bien à VOUS,et mes pensées les plus<br /> soignantes....<br /> sur le site ,cîté plus haut,ily a texte qui se nomme^ manifeste contre un certain pouvoir médical^qui évoque le combat d\\\'Yves....<br /> Vous y trouverez des liens de mes autres<br /> blogs plus artistiques et poétiques...<br /> vous <br />
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